C’est en 1946, dans l’uniforme des Royaux de Montréal, club-école des Dodgers de Brooklyn de la Ligue nationale, que Jackie Robinson devient le premier joueur noir à évoluer dans le baseball « blanc » au 20e siècle et, par le fait même, le cobaye de ce qu’on appellera la « Grande Expérience » de l’intégration du sport. Tout au long de cette saison, Robinson doit affronter un nombre remarquable d’embûches – du camp d’entraînement, où il reçoit des menaces de lynchage, aux séries de fin de saison. Cela ne l’empêche pas d’offrir des performances dépassant les plus folles espérances. À force de talent et de courage, épaulé en tout temps par sa femme Rachel, il décroche le championnat des frappeurs de la ligue et mène l’équipe à la victoire lors de la Petite Série mondiale, le championnat des ligues mineures nord-américaines. Les époux Robinson ont toujours été profondément reconnaissants de l’accueil qu’ils ont reçu dans la métropole. Fort de l’appui indéfectible du public local, Jackie a, en un été passé à Montréal, rendu inévitable l’intégration du baseball majeur, considérée comme une « quasi-impossibilité » quelques mois plus tôt. Ce livre souhaite donner ses lettres de noblesse à une saison souvent expédiée en quelques pages par les auteurs américains qui relatent la vie de Jackie Robinson. Cet ouvrage s’intéresse aussi à la société montréalaise de l’après-guerre et à la manière dont elle traitait ses groupes minoritaires. Il fait état des brimades auxquelles étaient soumis les Afro-Américains vivant dans les régions ségrégationnistes des États-Unis. Il raconte l’effervescence du monde du sport montréalais de l’époque et nous fait entrer dans le quotidien des athlètes professionnels des années 1940, une toute autre planète selon les standards sportifs – et humains – d’aujourd’hui.